The corporation in environmental sociology


JP Sapinski, Université de Moncton

Dans cette présentation, je soutiens que les sociologues de l’environnement doivent considérer l’entreprise comme une institution sociale fondamentale dans leurs analyses. Les entreprises - au pluriel - sont un sujet quotidien de discussion et de critique, et sont évidemment un objet d’attention particulière de la part des médias et dans le discours populaire. Les groupes militant.es construisent depuis longtemps des campagnes efficaces qui ciblent des entreprises spécifiques. Pourtant, l’entreprise - au singulier - est-elle vraiment un élément central de l’analyse sociologique en environnement ? Un rapide tour d’horizon des publications en sociologie de lenvironnement est instructif. Dans les deux principales revues de langue anglaise de la sous-discipline, Society and Natural Resources et Environmental Sociology , une recherche du mot-clé « corporation » (en anglais, au pluriel et au singulier) dans les résumés des articles publiés entre 2012 et 2023 renvoie respectivement à sept articles sur 1184 pour la première, et à quatre articles sur 337 pour la seconde. Les éditions les plus récentes des manuel principaux de la sous-discipline clés reconnaissent bien les entreprises comme situées au cœur de la crise environnementale. Cependant, leur couverture de l’entreprise en tant que sujet d’ étude spécifique en sociologie de l’environnement varie considérablement. J’expliquerai dans cette présentation que, contrairement à l’attention minimale accordée à l’entreprise dans la sous-discipline, la sociologie de lenvironnement ne doit pas se contenter de pointer du doigt les entreprises pour leur rôle dans la destruction des écosystèmes, du sol, de leau et de latmosphère dont nous dépendons toustes, mais se doit de produire une véritable analyse sociologique de cette institution sociale, qui est à l’origine de cette destruction, et ce pour trois raisons : (1) Lentreprise est l’institution médiatrice de la relation métabolique entre l’humain et l’environnement sous le capitalisme avancé ; (2) Considérer l’entreprise comme l’institution sociale cruciale qu’elle est bel et bien permet avance la compréhension théorique des processus socio-écologiques qui sont l’objet de la sociologie de lenvironnement; (3) La mise en lumière de ces processus soutient directement les mouvements socio-environnementaux qui travaillent à mettre un terme à la destruction systématique des écosystèmes qui ne semble pas connaître de répit a ce jour. La présentation débutera par un aperçu historique de la manière dont l’entreprise s’est imposée comme institution centrale du capitalisme. Je détaillerai ensuite la fonction médiatrice de l’entreprise dans le métabolisme social qui lie les humains à leur environnement biogéochimique. Puis, je partagerai quelques remarques sur le discours que les entreprises construisent pour légitimer et même glorifier ce rôle médiateur. Je conclurai en discutant comment ce changement de paradigme recadre aussi l’attention sur les propositions transformatrices porteurs d’un avenir différent, d’un projet de monde sans l’entreprise.

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